Comment observer son sol pour adapter son travail ?
Pourquoi faire une étude de son sol ?
Connaitre la structure de son sol avant toute action, permet de le comprendre et d’adapter sa stratégie de culture en fonction des besoins inhérents à chaque parcelle. Alors, comment observer son sol pour adapter son travail ?
Observer l’activité biologique, le système racinaire des plantes déjà en place, la composition des horizons, donne autant d’informations sur la santé de vos sols qu’un check up chez un spécialiste.
Cette étude tend à devenir un incontournable pour des agriculteurs soucieux de travailler dans le respect des règles agronomiques.
Plusieurs méthodes de la plus élémentaire à la plus complète existent.
Le pénétromètre : une "simple" tige qui en dit beaucoup
Un pénétromètre est un outil de mesure d’état de compaction des sols par pénétration. Composé d’une tige graduée d’acier durci et de deux poignées, il est parfois équipé d’un manomètre qui mesure la pression exercée lorsque le pénétromètre est enfoncé dans le sol. Il existe également une version électronique.
Outil simple et pratique, les agronomes et les agriculteurs l’utilisent pour déterminer rapidement les zones de compaction de leurs sols.
La pratique
Comme tout test, certaines conditions sont à prendre en compte. La période la plus propice à l’expérience est située entre Janvier et Avril. Avant de commencer sur une parcelle, celle-ci doit être ressuyée. Il est important de noter que les sols argileux et caillouteux se prêtent mal à cet examen.
Le pénétromètre doit être enfoncé verticalement et lentement. Le ressenti lors de la pénétration de la tige dans le sol permet de détecter les éventuels problèmes de tassements et de les relever grâce à la graduation. Le manomètre optionnel sur les pénétromètres, s’avère alors très précieux pour déterminer précisément la résistance du sol.
A chaque palier relevé, il est possible de continuer le sondage si la tige le permet.
Sur une parcelle, il est conseillé de faire plusieurs tests dans le sens du travail du sol et en diagonale. 10 points de contrôle permettent d’avoir une vision réaliste de la situation. Pour cet échantillonnage, il est recommandé qu’une seule et même personne réalise les tests. En effet, les ressentis peuvent varier selon les utilisateurs et chacun se créer ses propres repères de résistance.
Cette méthode peut être complétée par un des tests visuels ci-dessous.
La méthode bêche
Une simple bêche est nécessaire pour réaliser cette observation.
Méthode visuelle et rapide, elle permet d’examiner l’apparence des mottes, leur porosité et de constater la présence de vers de terre. En effet, ces derniers ont un impact sur la structure du sol. Ne supportant pas les tassements, leur présence est donc un signe positif.
Mise en place
Pour ce test, un sol trop sec n’est pas recommandé. Comme lors du sondage par pénétration, un sol ressuyé est idéal. La période propice se situe en interculture (automne ou sortie d’hiver) ou après un chantier si vous souhaitez constater les effets de ce dernier.
Une bâche est nécessaire pour accueillir les 5 à 6 prélèvements fait à l’aide de la bêche. Comme pour le test au pénétromètre, les échantillons prit en diagonale en dehors des passages de roues d’engins seront plus représentatifs.
Les mottes d’une profondeur de 25 cm à déposer sur la bâche, peuvent ainsi être observées à l’œil nu. Il est possible de constater différents horizons et de les mesurer avant de les fragmenter en conservant les blocs qui peuvent s’en détacher. Une note de 1 à 5 peut alors être attribuée 5 étant une motte très compacte et 1 très friable.
L’activité biologique des vers de terre est quand à elle observable de par le nombre de galeries repérées dans les mottes prélevées.
La méthode Pépone, observation à hauteur
Cette méthode tire son nom de l’agriculteur qui l’a inventée. Appelée également “mini profil 3D”, elle permet de découvrir rapidement les horizons de manière plus poussée que le test bêche.
Réalisée à l’aide d’un chargeur télescopique à fourches, un bloc de terre est ainsi extrait du sol afin de pouvoir observer l’enracinement, la vie du sol et l’état général de la structure. Moins invasive que le profil de sol, cette démarche permet de faire des constatations en station debout.
Réalisation sur le terrain
La période d’observation se situe dans la lignée des deux tests précédents avec les même caractéristiques de sol.
L’écartement des fourches doit permettre de prélever le bloc de terre sans provoquer son effondrement (20 à 30cm). L’échantillon est capté dans la parcelle en enfonçant les pales à environ 45°. Le bloc est ensuite extrait et mis en position horizontale pour observation.
De cette façon, approximativement 70cm de profondeur de terre sont captés. Deux prélèvements peuvent être étudiés sur une parcelle. Il est tout à fait possible d’intégrer un passage de roue dans ce profil afin d’en déduire les impacts. La forme de l’échantillon donne déjà les premières indications sur la structure du sol. Les horizons bien visibles permettent de constater les zones de compactions. L’enracinement des végétaux en place (forme, profondeur), et l’activité biologique du sol.
Pour aller plus loin, prélever des mottes dans chaque horizon permet d’observer de plus prêt la porosité et la quantité d’agrégats.
Moins invasive que le profil cultural, cette méthode est utilisée par les agriculteurs et techniciens.
Le profil cultural, pour plus de précision
Le profil de sol est la méthode la plus poussée en terme d’étude physique sur le terrain. Il consiste à creuser à la bêche ou à la pelleteuse, une fosse de 1m à 1.50m de profondeur pour une largeur de 3 à 4m sur une longueur de 1.50m à 2.00m.
Il est possible de réaliser un profil sur une zone représentative ou sur une zone posant problème (sol détrempé, culture de mauvaise qualité…) afin d’en détecter les causes. L’idéal étant de protéger la zone qui sera observée pendant l’excavation de tout piétinement.
Pratique
Il existe deux périodes propices pour cette étude : au printemps avant les semis ou encore à la fin de la saison. La fosse est creusée sur sol ressuyé perpendiculairement au travail mécanique. Il convient de casser le lissage des parois créer par les outils lors de l’excavation avec une lame de couteau.
La compaction du sol est alors appréciée pour chacune des strates en enfonçant la lame. Il suffit de détacher quelques mottes sur chaque horizon pour constater le nombre d’agrégats et leur forme. Il est également possible d’observer les zones humides grâce à la couleur de la terre, ou de constater des zones hydromorphes. Le travail fait en amont par les outils mécaniques est mis à jour. Le profil de sol permet donc de déterminer leurs conséquences sur la structure du sol.
Cette méthode, bien qu’invasive pour une parcelle, reste la plus précise pour observer son sol et mettre en place une stratégie de culture adaptée.
La science pure
En complément de l’observation physique de son sol, une étude chimique peut être apportée. Elle permettra de connaitre la composition en argile, limon et sables. De cette analyse, ressort également le pH. La capacité d’échange cationique ainsi que des éléments tels que le carbone, l’azote, le phosphore, le potassium sont examinés.
Cette analyse permettra de déterminer les réserves du sol et d’y apporter des compléments au besoin.
Analyse physico-chimique
Des laboratoires d’analyses spécialisés existent. Il suffit d’effectuer des prélèvements de sol à différents endroits d’une même parcelle et de leur transmettre. Plusieurs données seront alors étudiées.
La texture d’un sol est la seule donnée fixe car elle ne varie pas voir peu dans le temps. Il en existe 4 types :
- sableuse
- limoneuse
- argileuse
- équilibrée
L’acidité, l’état organique ou l’état chimique d’un sol peuvent être corrigés par des apports de matières minérales ou organiques. Ceci dans le but d’obtenir un meilleur rendement, d’accroitre la qualité d’une culture, ou d’adapter les espèces cultivées.
Cette étude permet de mettre en place de nouvelles actions pour la santé des sols. (correction de tassement, de carences, de diminution de matières organiques…)
Pratiquée une fois par an, l’analyse physico chimique d’un sol a un réel impact sur le rendement des cultures.
En conclusion
Observer son sol, étudier les impacts des pratiques culturales sur ses parcelles ou s’allier avec la nature originale de ce dernier, est un point important pour la réussite de ses cultures. Cette étape n’est donc pas a négliger pour obtenir le meilleur de la nature. Le sol est vivant, prenons en soin.